

Compte-rendu du CSE du réseau France 3 des 23 et 24 novembre 2021
Hommage
Les élus ont rendu hommage à Elise Durupt, assistante de la locale de Nice et présidente de la commission des activités sociales et culturelles du CSE à France 3 Côte d’Azur, brutalement décédée. Sa disparition a provoqué un très fort émoi au-delà de la station.
Respect des accords
En réponse aux déclarations liminaires des organisations syndicales, en particulier celle de la CGT, Philippe Martinetti, le directeur du réseau régional, a réaffirmé « sans ambiguité » que « le respect des accords est un préalable indispensable à toute évolution », précisant que cela s’appliquait à toute la délégation patronale présente, en l’occurrence Samuel Bignon, Frédérique-Marie Lamouret et Xavier Riboulet. On ne sait pas si cela incluait la patronne du numérique de France Télévisions, Encarna Marquez, présente à ce moment-là…
Blablabla
Interpellé dans plusieurs liminaires sur le terme « blablabla » utilisé pour qualifier les ateliers avec les salariés dans une étrange communication diffusée sur le réseau régional, le patron du Réseau a affirmé que « ça ne m’a pas fait sourire. Pas du tout. Je l’ai découvert en lisant. J’étais entre deux sentiments : la colère et la peine. Pour les salariés car, oui, moi je crois aux ateliers. Car je pense que c’est comme ça qu’on peut embarquer les salariés, ça permet de partager, d’échanger des idées ».
Grand média numérique de la vie locale
Ce rapprochement entre France Bleu et France 3, annoncé par la ministre de la Culture devant les sénateurs, occupe tous les esprits et suscite méfiance, scepticisme et questions.
D’abord sur le calendrier : personne ne croit sérieusement qu’on sera prêts fin mars 2022 comme annoncé. Les deux maisons ne sont pas parvenues jusqu’ici à se mettre d’accord, les négociations autour de la plateforme technologique, la marque, l’URL s’annoncent ardues.
Au-delà du projet éditorial qui devrait largement s’inspirer de ce sur quoi travaillent les équipes du numérique depuis le mois d’avril (voir le compte-rendu n°1 de la CASAR), le projet pose un grand nombre de questions :
- Autour du GIE (groupement d’intérêt économique) qui doit porter la marque et la partie technologique (back-office) et sera composé à parité d’administrateurs de FTV et de Radio France, dont les deux directeurs des réseaux.
- Autour de la coordination qui sera nécessaire entre les deux maisons, puisqu’elles sont censées alimenter conjointement la future offre commune, tout en conservant leur indépendance éditoriale et leurs organisations propres.
- Autour des choix technologiques. Une seule marque ? Plusieurs ? Quelle URL ? Celle de francetvinfo qui héberge actuellement toutes les offres d’info de FTV, celle de Radio-France ou une nouvelle URL ? FTV met en avant le risque d’effondrement de 30% de l’audience de franceinfo.fr si les offres régionales en sortent : « un suicide», selon la patronne du numérique.
Pour Encarna Marquez, l’important, c’est moins l’architecture (« on peut tout faire », affirme-t-elle) que l’expérience utilisateur (personnalisation par l’utilisateur en fonction de ses centres d’intérêt, ses bassins de vie, etc.). Mais le temps manque, donc on pourrait être obligés de passer par des phases intermédiaires.
A ce stade, la direction a peu de réponses et surtout des pistes de réflexion et de négociations avec la Maison ronde.
Commission du projet régional
La CASAR, la commission d’anticipation, de suivi et d’ajustement de la régionalisation, continue à se réunir chaque mois, afin d’évoquer les différents aspects du projet.
A l’ordre du jour ce mois-ci, outre l’offre numérique commune avec France Bleu, le mécanisme de circulation des œuvres qui permet de réexposer documentaires et magazines entre antennes, et un point sur les audiences en 2021.
Voir le compte rendu de la CASAR
Santé au travail
De très nombreux sujets liés à la santé au travail remontent en CSE, notamment du fait de la multiplication des alertes et souvent de leur enlisement. En cause, l’incapacité de la direction à traiter ces situations.
Tous les détails dans le compte-rendu de la CSSCT. Ci-dessous en complément, les points ayant fait l’objet de précisions lors des débats en CSE :
Covid 19. La commission santé, sécurité et conditions de travail du CSE (CSSCT), avait demandé que l’ensemble des sites soit équipé de capteurs de CO2, afin d’être en mesure d’évaluer la qualité de l’air dans les espaces réunissant plusieurs personnes, les salles de réunion en particulier. A l’arrivée, les dispositifs installés ne permettaient pas une mesure de l’air en temps réel, ce qui leur retirait une grande partie de leur intérêt. D’autre part, les locales étaient exclues du déploiement.
Suite à l’insistance des élus, le directeur du Réseau a tranché : les locales seront équipées d’ici janvier et les capteurs pourront donner une mesure en temps réel.
Utilisation des Aviwest. Subrepticement, ces dernières années, les règles de sécurité autour de l’utilisation des dispositifs d’émission 4G/5G ont été assouplies et relâchées.
Les élus ont rappelé les dangers potentiels qui courent autour des ondes électromagnétiques, qui sont soupçonnées de provoquer stérilité et cancers du cerveau. Le principe de précaution impose une utilisation à plus de 2m des utilisateurs, ce qui exclut absolument l’utilisation de l’Aviwest dans un sac à dos. Il n’est donc pas question de faire des duplex en mouvement avec cet équipement. La direction annonce la tenue d’une réunion sur le sujet, avec des médecins, sous l’égide de la QVT.
Alerte de France 3 Alpes. Deux ans et demi après le déclenchement d’un danger grave et imminent à Grenoble, suite à la tentative de suicide d’une élue du personnel, la situation n’est toujours pas stabilisée dans la station et la plupart des problèmes n’ont pas été réglé. Le travail du Copil (comité de pilotage) mis en place est resté très insuffisant. Il reste un climat de défiance des managers à l’égard des représentants du personnel, et une forme d’impunité liée au fait qu’un harceleur présumé n’a pas été sanctionné à la hauteur de la gravité des faits et que la direction locale, directement impliquée dans l’accident du travail, n’a nullement été inquiétée. Au final, seule la victime a été exfiltrée et a vu sa vie bouleversée. A ce stade, les conditions ne semblent toujours pas réunies pour lever l’alerte et on n’en prend pas le chemin.
La direction reconnait que dans ce genre de dossier, il reste difficile d’articuler les actions au niveau local, au niveau du Réseau et au niveau de l’entreprise et que, par ailleurs, le management local n’a pas les coudées franches. Pour sortir de cet enlisement, elle souhaite solliciter l’inspection du travail, afin d’obtenir un avis sur la manière de sécuriser la situation.
Alerte de France 3 Côte d’Azur. Suite au déclenchement d’une alerte pour risque grave qui a donné lieu à une expertise diligentée par le CSE, un comité de pilotage (Copil) a été mis en place, afin de conduire un plan d’action. Or, ce dernier ne joue pas son rôle correctement. Il faut dire, qu’une fois de plus, la direction a confié à son officine fétiche, le cabinet de psychologues du travail pro-direction JLO, le soin d’encadrer le Copil. Résultat, les causes profondes de la crise, en particulier les problèmes avec le manager et le déménagement annoncé, ne sont pas abordées car JLO ne veut pas qu’on en parle. Faudrait pas non plus mordre la main de la direction qui nous nourrit grassement…
Les élus de la CSSCT demandent une remise à plat du fonctionnement des Copil, dont la méthodologie a été dévoyée et ne donne nulle part satisfaction.
Alors qu’un appel d’offres est en cours pour le renouvellement du contrat de psychologues du travail, ils craignent que les jeux ne soient déjà faits et qu’on rempile avec cette officine auprès de laquelle la DRH sous-traite, sans le reconnaître, une grande partie de ses prérogatives en matière de santé.
Alerte pour atteinte aux droits des personnes à France 3 Bretagne. La plus grande opacité règne autour de l’enquête paritaire menée par des membres de la direction et des représentants du personnel à Rennes, suite à un signalement de harcèlement sexuel présumé. La direction a toujours refusé de communiquer le rapport d’enquête qui incrimine 3 JRI, malgré la demande des élus de la CSSCT, relayée à plusieurs reprises par les élus du CSE.
Plus de 5 mois après le déclenchement de l’alerte, les 3 JRI ont finalement été sanctionnés. Sur la foi, non pas de harcèlement sexuel, mais d’une prétendue « ambiance sexiste », voire de « dénigrement de l’encadrement », bref, on ne sait plus très bien où on est. Quelle méthodologie a été mise en œuvre ? Les principes du contradictoire et du recoupement des témoignages ont-ils été respectés ? Silence obstiné de la direction. Une fois de plus, le Grand-Vizir JLO est à l’arrière-plan, en conseil…
Les élus ont réaffirmé l’incontournable nécessité de lutter contre toutes les formes de harcèlement et contre le sexisme au sein de l’entreprise. Mais pour atteindre ce but, les enquêtes doivent être exemplaires, les droits de la défense doivent être respectés, en prenant en compte les témoignages à charge et à décharge, en les confrontant, en retenant les éléments de contexte. Faute de cela, c’est tout le dispositif de lutte contre le harcèlement qui se trouve fragilisé et mis en cause. Et n’importe qui peut alors être cloué au pilori sur la foi d’une dénonciation calomnieuse. Entendre la RRH de Bretagne affirmer en CSSCT qu’on ne peut plus faire d’humour dans l’entreprise, est assez glaçant. S’agit-il de la face sombre de la « bienveillance au travail », ce mantra asséné à longueur de temps par les RH et qui vise à faire marcher droit des salariés-soldats ? Cela contrevient à la liberté d’expression, droit fondamental de chacun, et ouvre la porte à toutes les dérives les plus totalitaires.
Démarche « d’écoute et d’investigation » à France 3 Iroise. Là encore, on a assisté à une succession de manquements dans le traitement de cette alerte pour atteinte aux personnes (des punaises fichées dans les yeux de quelques salariés sur des photos affichées sur les murs de la station de Brest). Au final, l’une des principales victimes, élue du personnel, a été triplement maltraitée : d’abord, au-delà des faits incriminés, il a fallu 8 mois pour que la direction daigne, de mauvaise grâce, déclarer en accident du travail, le long arrêt de travail qui a découlé des actes malveillants ; enfin, le rapport de l’enquête menée par un cabinet de psychologues du travail choisi par la direction est indigent. Sa restitution à l’équipe, un an après les faits, conclut que tout cela serait « anecdotique » et qu’il est temps de « lâcher prise » et de « passer à autre chose ».
Cette conclusion est tellement indigne que le directeur du Réseau a jugé utile de préciser en CSE que « non, ce n’est pas anecdotique et, non, ce n’est pas anodin ».
Le reste des sujets dans le compte-rendu du CSSCT
Alerte sur les logiciels RH et finance à Toulouse
Suite à l’exaspération et la détresse des assistantes et cadres à la production face aux bugs récurrents, problèmes de paramétrages et inopérabilité des logiciels, les RP de Toulouse ont déclenché une alerte le 9 juillet dernier.
Les logiciels concernés sont Concur, HCorpo, Carlson’s Wagons-lits, Ariane Cloud et Papyrhus.
Cela a déclenché un certain nombre d’actions de la direction : réunions avec les utilisateurs, remontées des problèmes, corrections de dysfonctionnements, définition de procédures de remontée des problèmes, organisation de webinaires pour les utilisateurs.
Dans sa présentation-bilan, la direction affirme que la plupart des difficultés ont été résolues et qu’elle n’a pas eu de remontées du reste de la France, ce qui pose question. Les élus ont insisté sur la nécessité de mener un travail prospectif afin de s’assurer de faire bénéficier l’ensemble des utilisateurs du réseau des avancées toulousaines.
Il demeure en outre de grosses difficultés sur les factures et les utilisateurs toulousains réclament une réunion avec la directrice financière de FTV et la direction d’Occitanie.
Plus globalement, les procédures de remontée des dysfonctionnements sont inadaptées et restent régulièrement sans retour. Philippe Martinetti s’engage à « faire des propositions » afin de « clarifier les circuits de remontées » et à répondre aux remarques des élus.
Déploiement du NRCS (Newsboard et OpenMedia) à France 3
Après un déploiement véritablement chaotique au siège, y compris France 3 Paris-Ile-de-France, la direction s’apprête à déployer Newsboard, la 1ère phase du NRCS (News Room Computer System) dans le réseau régional. Il s’agit du futur outil de gestion des prévisions.
Le budget dédié à l’accompagnement et la formation des utilisateurs représente 45% des 10M€ de coût global du projet.
Les Hauts de France sont la 1ère région à basculer en décembre à Amiens et en janvier à Lille. Les autres régions suivront jusqu’à fin mars, au fur et à mesure des formations.
Pour la 2nde phase, OpenMedia, la plus importante, elle ne devrait pas advenir avant l’automne 2022. Il s’agit de l’outil de conducteurs, qui remplacera Lisa, avec un fonctionnement automatisable. Ce futur outil, qui sera commun à l’ensemble des rédactions de FTV pose de nombreuses questions et points de vigilance, en particulier autour de la circulation des sujets et rushes (non concernés assure la direction), et les risques liés à la responsabilité morale des journalistes.
Au Siège, il y avait urgence à basculer car les outils étaient obsolètes et les pannes se multipliaient. La décision a donc été prise de déployer un outil pas stabilisé, ce qui a engendré de grosses difficultés pour les utilisateurs. Le chef du projet, Romuald Rat, assure qu’on ne rencontrera pas les mêmes problèmes dans le réseau.
L’équipe chargée de piloter ce déploiement en 2 phases est composée d’Emmanuel Girouard et de Christophe Poullain.
Le déploiement d’OpenMedia sera précédé d’une procédure d’information/consultation du CSE, ce qui permettra aux élus d’identifier les éventuels problèmes.
La phrase du jour, on la doit à Romuald Rat : « ce n’est pas l’outil qui fait le fonctionnement et l’organisation ». Les salariés peuvent en juger…
A venir
Prochain CSE : 7 et 8 décembre
Prochain CSE Central : 15 et 16 décembre.
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Paris, le 29 novembre 2021 |