

F3 Bourgogne Franche-Comté • France 3 Tik Tok - Unité de Tournage avec Smartphone
La rentrée à France 3 Dijon est marquée, cette année encore, par son mode dégradé. Point de Covid cette fois mais une étonnante surprise attendait journalistes et techniciens.
Tout ça pour ça ?
Malgré des ateliers longs et chronophages, la direction a plutôt opté pour un projet résultant de deux individualités, balayant de ce fait toute la mascarade instaurée durant des semaines. Le 18h30 (case chère à Dijon), pour laquelle bon nombre de rédacteurs en chef, chefs de centre et directeurs régionaux se sont battus, sera donc remaniée. Fini le direct, exit les CCR et VPTL (dont la mutualisation et le départ furent âprement combattus) après de longues et mouvementées tractations avec l’ancienne direction. La charte éditoriale nous explique par le biais d’un réalisateur spécialement embauché pour l’exercice, que l’émission sera déambulatoire. On nous explique alors l’importance du décor, de montrer et d’illustrer ce qui est dit (innovante idée), des schémas sont même à notre disposition afin de nous apprendre comment on fait. Outre l’aspect déambulatoire largement discutable d’ailleurs (mais bon, laissons à l’éditorial le soin de s’occuper du fond, c’est son job), paradoxalement, le fond est le grand absent de cette charte. Le choix du matériel est lui plus préoccupant. En outre, ce sera au journaliste présentant le 18h30 de choisir les outils de fabrication ! VPTL mais avec caméra z90 et ronin ou la grosse tendance : smartphone et tablette.
La qualité au placard
Des numéros ont été tournés et les limites du dispositif « pack IPhone » ont été atteintes. De nombreux aspects négatifs ont été pointés par différents corps de métier : OPS, vidéo, OPV, tous déplorent la même chose : la qualité du produit n’est plus là !! L’ergonomie est fastidieuse, les cadrages sont flottants et imprécis, la balance des blancs est elle aussi en déambulation. Qu’en adviendra-t-il dans le froid, sous la pluie ou lorsqu’il fera sombre ? En basse lumière, l’image est très dégradée, elle est molle voire floue (en dépit de lumière additionnelle, l’éclairagiste a été conservé…tout de même)… Rien d’étonnant à tout cela car il s’agit de matériel grand public, voir amateur. Utiliser un smartphone à la place d’une camera broadcast ne peut que s’avérer décevant à l’image. Fournir de belles images et des programmes de qualité est notre mission, ou tout du moins l’était.
Une organisation en flou artistique
Quant à la façon dont sont tournées les émissions, là aussi on est en mode dégradé. La charte elle-même parle de « réalisation » d’un « produit de type magazine » mais nous sommes bien loin de la « mise en image » (terme très apprécié de nos encadrants pour qualifier le travail de réalisation de nos collègues vidéos). Le 18h30 tel qu’il est présenté est en fait une équipe légère en tri-cam, pré-monté dans les conditions du direct. Vu qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion, tout le monde y va de son commentaire, de son conseil, de son avis. La cacophonie règne et les invités sont perdus au milieu de ce tourbillon de réflexions à haute voix qui aboutit au final à une grande désorganisation. Aucun repérage, donc pas de préparation des axes de prise de vue ou lumière, encore moins la possibilité d’anticiper certains types de matériel (son ou optique, projecteur), c’était la « télé à papa ». Maintenant on arrive et on découvre. Bon, nous en avons l’habitude, cela fait des années que nous faisons ainsi et nous savons nous adapter. Mais là, il s’agit de réalisation. 3 plateaux différents, 3 lieux différents, du montage et titrage derrière, du drone… Dans cette joyeuse improvisation, on envoie les équipes sur le terrain, parfois mises devant le fait accompli. Pourquoi imposer du matériel grand public ? Quel intérêt à se retrouver limité par du matériel inadapté ? Il suffit de visionner les émissions pour voir le piètre résultat.
Quel avenir pour les salariés ?
Cette décision de la direction régionale ne peut que nous interroger et faire naitre de l’inquiétude pour l’avenir de nos métiers et de nos emplois à la fabrication. La tentation sera grande de généraliser l’utilisation de ces outils grand public sur tous nos programmes (« rendez-vous chez vous », 18h30, modules dans la matinale etc…). Avec le risque que les smartphones soient utilisés par tout le monde : Web, Com, Stagiaires… La chute de la quête de qualité entraine inexorablement une déprofessionnalisation des métiers. Aujourd’hui les IPhone, demain la régie automatisée, tous « contributeur »... Un joyeux melting pot où tout le monde pourra faire et mettre n’importe quoi. YouTube existe déjà, Facebook aussi, conservons notre cap et nos missions. Pour mémoire il existe un accord sur les l’utilisation des « UTS » et autres smartphones. Leur utilisation est d’abord et avant tout basée sur le volontariat et après formation !!! Cela s’applique aussi bien aux OPV, aux JRI qu’aux VIDEOS sur les aspects traitement du signal. Rien n’est donc inéluctable et la CGT demande à la direction que cet accord soit strictement respecté.
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17 septembre 2021 |