

CSE central extraordinaire du 3 février 2022
Restitution de l'expertise pour risque grave TEPI
Les élus regrettent l’absence de représentants de france.tv studio également concernée par l’expertise menée. Ils ne comprennent pas cette absence alors même que la direction dit vouloir associer les salariés de france.tv studio et de france.tv SA et parlent d’entreprise commune.
Contexte
Cette expertise pour danger grave et imminent (DGI) a été réalisée suite à une tentative de suicide d’une salariée concernée par le projet de transfert d’émissions à FTV Studio, ainsi qu’aux fortes inquiétudes et au stress très violent des autres salariés.
L’expertise demandée par le CSE central (et le CSE siège) a été réalisée par le cabinet indépendant Secafi. Elle a fait l’objet d’un CSEC extraordinaire de restitution.
Le triple objectif de l’expertise
Évaluer les risques et les troubles psycho-sociaux considérés par les élus comme réels et sérieux, la médecine du travail ayant elle-même fait de nombreuses alertes ;
Comprendre le geste désespéré d’une salariée de Télématin et rechercher si celui-ci avait un lien avec ses conditions de travail ;
Faire des préconisations pour préserver la santé des salariés et prévenir ce genre de situations à l’avenir.
En ce qui concerne l’état général des salariés, le rapport met en avant la violence du procédé qui consiste à transférer des salariés d’une entreprise à une autre, sans qu’à aucun moment, il ne leur soit demandé leur avis et alors même que ce transfert a des conséquences non négligeables sur leur protection sociale et leurs garanties d’emploi, et ceci dans un contexte sanitaire lourd, avec en particulier des confinements et du travail à domicile contraint.
Le rapport d’expertise pointe également 4 années d’accumulations d’événements très impactants pour les salariés de Télématin (audit, intégrations longues et difficiles, changement de producteurs, délégation de la production à FTV Studio, nouveaux process, concurrence accrue, nouvelle version de l’émission…).
Le rapport confirme la réalité remontée par la médecine du travail faisant état d’un grand nombre de salariés sous médicaments, et d’une proportion anormalement élevée de salariés pleurant lors des entretiens.
Les mots « trahison, brutalité déshumanisation, dénigrement, isolement, mise en concurrence, épuisement et simple exécutant » donnent une idée précise de l’intensité du ressenti des salariés qui se sont exprimés (plus de la moitié des effectifs).
En cause, une problématique managériale...
Le rapport fait état d’un déficit d’accompagnement du management, qui préoccupé par le respect des objectifs, s’est retrouvé démuni face aux difficultés rencontrées. Des managers eux-mêmes en injonction paradoxale.
Ce constat pointe une absence de méthodologie d’accompagnement de la conduite de changement, une entrée en fonction des managers sans formation préalable au management et notamment au management de publics fragilisés.
Il relève l’absence de clarté de la ligne managériale, car si les référents de terrain sont bien les managers de FTV Studio, la RH elle, est FTV SA et la communication entre les 2 entités ne va pas de soi.
Autre questionnement, au sein de FTV Studio, qui décide ? La productrice ? Le rédacteur en chef ? La directrice de production ? Tout cela reste flou pour les salariés concernés.
... et une absence de prise en compte des alertes
Les premiers à avoir fait remonter les difficultés ont été les salariés eux-mêmes, mais la communication entre FTVS et FTV SA était telle, qu’ils n’ont pas été entendus. Des éléments très concrets comme les arrêts maladie, les RDV à la médecine du travail, les demandes de mobilité interne sont eux aussi passés sous les radars.
Les instances (RP, CSE, CSEC) ont alerté la RH et la Direction. La médecine du travail est également intervenue. Mais ces signaux forts n’ont pas été pris en compte.
Un lien établi entre la tentative de suicide et les conditions de travail
Le rapport d’expertise est explicite et démontre le lien entre la dégradation des conditions de travail de la salariée et son passage à l’acte.
Les signaux d’alerte étaient pourtant connus de sa hiérarchie : surcharge de travail, situation durable de non-reconnaissance des compétences et du statut, dénonciation de l’arrangement sur le paiement des heures supplémentaires, refus de récupération des dimanches travaillés et incertitude sur les congés.
Des préconisations pour l’avenir
Les élus ont voté à l’unanimité une délibération demandant un plan d’action concernant l’organisation du travail, les pratiques managériales, les alertes, la prévention, la gestion de projet et la conduite du changement. Il incombe désormais à la direction de présenter et mettre en œuvre un plan d’actions apte à corriger ses erreurs de gestion, réparer le collectif et offrir de meilleures perspectives d’avenir à l’ensemble des salariés de l’entreprise, car les manquements managériaux et RH relèvent d’une véritable culture d’entreprise qu’il faut changer si l’on veut arrêter de compter les victimes.
Une restitution du rapport d’expertise sera bientôt faite aux salariés concernés en présence du cabinet Secafi.
Élu·es CGT : Malika AIT-OUAKLI, Rabéa CHAKIR-TREBOSC, Guilhem FRAISSINET, Chantal FREMY, Claude GUENEAU, Halda HALIDI, Michela LAW, Pierre MOUCHEL, Johny PAYET, Thierry PUJO, Didier RICOU.
Représentant syndical CGT : William MAUNIER
Direction : Delphine ERNOTTE, Laurence MAYERFELD, Alexandre KARA, Laure HAGUENAUER, Frédéric DESCRIMES-FAVRAUD, Elisabeth FERRAZ, Bénédicte MASSIET.
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Paris, le 9 février 2022 |