

Ce ne sont plus des journaux télévisés, mais du « pâté de têtes » : journalistes en plateau, en duplex, en incarné, en mouvex, en plateau, en hub, qui se substituent au reportage, l’image ne servant le plus souvent que de toile de fond.
Les reportages, eux-mêmes, ont cédé la place à des « sujets » en kit, faits de micro-trottoirs et d’éléments collectés par des reporteurs « déqualifiés », envoyés à la va-vite par TVU ou Aviwest et montés par des journalistes hors-sol.
Sombre tableau du journalisme de télévision, qui peut paraître excessif, mais pas si éloigné que ça du vécu des rédactions. Il suffit d’écouter les rédacteurs, les JRI, preneurs de son, infographistes, techniciens du PC info ou monteur : l’épuisement et la perte de sens au travail frappent tous les métiers, toute la chaine de l’info.
De moins en moins de temps, de moins en moins de monde… la « bfmisation », a contaminé les JT. Pour des raisons d’économies, de mode et d’audimat, le reportage est le grand sacrifié, dévalorisé ou confiné aux sujets conso, tourisme, patrimoine, météo et marronniers.
FAIRE VOIR LA VIE ET LE MONDE EN COULEURS
Le grand reportage a pratiquement disparu, les magazines sont de plus en plus souvent sous-traités aux boites de prod, de quoi désespérer journalistes et techniciens. Ce qui reste de reportages d’actu, est attribué de manière discrétionnaire. | |||
La couverture actuelle de la guerre en Ukraine, avec des équipes qui prennent des risques pour faire leur travail, et dont on souligne le courage, ne peut faire oublier les grands silences, tout récents, du 20 heures, tant sur l’actu sociale, que sur les conflits en Afrique, les droits humains dans la péninsule arabique et son alignement sur la diplomatie française. | |||
Les dérives de l’information découlent aussi d’un fonctionnement pyramidal, avec une hiérarchie omniprésente et pléthorique, qui veut tout contrôler et ne supporte pas la critique. | |||
LES REDACTIONS DE FRANCE INFO
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Que ce soit le canal 27 ou la rédaction numérique, France Info manque cruellement de bras pour traiter correctement la masse d’informations qui tombe en continu. Pour tenir l’antenne ou le fil info du numérique, on essore les journalistes et en particulier les jeunes et les précaires. Il y a beaucoup de souffrance dans ces rédactions, éprouvées par des journées tunnel. | |||
Le sommet est atteint à la rédaction des sports, où plus de la moitié des journalistes sont des pigistes, CDD ou alternants. | |||
L’INFO REGIONALE SAIGNEE A BLANC |
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A force de chasser l’ETP, les rédactions du réseau sont « à l’os », avec chaque matin, le dilemme du rédacteur en chef qui se demande comment il va pouvoir sortir un journal à 19h, avec si peu d'équipes d’actu par jour. | |||
Non-remplacement des départs et des congés maladie, faute de personnel, des reportages sont annulés, souvent à la dernière minute. Et c’est toujours avec moins de moyens qu’on a lancé le 18 h 30, mission impossible, qui a suscité de nombreuses grèves. | |||
Grande innovation cache-misère, pour occuper l’antenne du matin, la télévision filme la radio, les matinales de France Bleu. La fusion des sites internet de France 3 et de France Bleu risque, faute de moyens suffisants, de rétrécir l’offre d’information locale et réduire la pluralité de choix. | |||
Les économies se font aussi sur le matériel, le smartphone fait rêver les comptables. Les directions régionales font le choix d’équiper les antennes d’Unités de Tournage avec Smartphones (UTS). Choix pas anodin, qui masque à peine l’objectif final : transformer tout le monde, rédacteurs, JRI, techniciens en vidéastes multimédia. | |||
OPERATION SAUVETAGE DU SERVICE PUBLIC |
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Qu’elle soit régionale, ultramarine ou nationale, l’information à France Télévisions est en danger. Rongée de l’intérieur par les coupes budgétaires et la chasse aux emplois. Affaiblie par son manque d’ambition et ses renoncements éditoriaux. Guettée au tournant, par tous ceux qui ne jurent que par la privatisation. | |||
Face aux milliardaires, qui ont fait main-basse sur la presse et la majorité des chaînes de radio et de télé, SEUL le service public est en mesure de garantir le pluralisme. | |||
Pour faire barrage à ceux qui veulent nous asphyxier en supprimant la redevance, ou carrément nous privatiser, vous pouvez compter sur la CGT, mais la CGT a besoin de pouvoir compter sur vous. | |||
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Paris, le 9 mars 2022 |