

Avant le premier tour des élections présidentielles, la CGT de France Télévisions a fait parvenir un questionnaire à tous les candidats* pour connaître leur position sur l’audiovisuel public.
A quelques jours du premier tour, nous avons reçu plusieurs réponses et il nous a semblé important de pouvoir en informer les salariés.
Sans surprise, ceux qui au nom du « pouvoir d’achat », Emmanuel Macron, et Valérie Pécresse, offriraient aux français une « économie » de 138 euros par an, condamnant les médias publics à un financement bancal, aléatoire, à une paupérisation progressive voire à une privatisation, ne nous ont pas répondu
Quant à ceux qui nous ont répondu, voici leurs réponses à notre questionnaire.
Anne Hidalgo. La candidate du Parti Socialiste veut un audiovisuel public fort et indépendant. Ses réponses à nos questions restent succinctes et tiennent sur une page et demi. Elle propose de faire évoluer la redevance en la rendant plus juste et plus universelle, avec une prise en compte des nouveaux usages. Anne Hidalgo promet des engagements budgétaires sur plusieurs années, le maintien du régime interprofessionnel de l’assurance chômage et un renforcement du numérique.
Nathalie Arthaud. « N’ayant pas comme ambition de devenir présidente de la République », la candidate Lutte Ouvrière ne s’engage pas sur un programme. Elle dit défendre l’audiovisuel public, mais dénonce l’influence des sociétés privées dans les médias publics. Elle supprimerait la redevance, pour « faire payer les riches, à savoir les grandes chaînes privées». Ne s’engage pas sur la régulation de l’audiovisuel privé, car ce serait selon elle, « un vœu pieux». La candidate Lutte Ouvrière partage l’idée qu’il faut combattre la précarité dans le domaine de l’audiovisuel.
Nicolas Dupont-Aignan. Le candidat Debout La France défend un financement assuré par la redevance et la publicité. Il propose d’ouvrir le débat pour choisir entre un élargissement de la redevance, la création d’une taxe forfaitaire universelle applicable à tous les supports, ou le développement de plateformes payantes comme Salto. Il veut mieux encadrer les producteurs privés et interdire aux salariés du public d’être également actionnaires ou salariés d’un groupe de production ou de diffusion privé. Le candidat souhaite le maintien des décrets Tasca, mais en rendant à l’audiovisuel public la propriété des droits selon le pourcentage d’investissement. Il propose une nomination collégiale des présidents de médias publics, un renforcement du pluralisme dans les chaînes régionales, et le développement d’adaptations de classiques de la littérature française.
Fabien Roussel. Le candidat du Parti Communiste propose un débat national sur le rôle, les missions, et le financement de l’audiovisuel public. La redevance serait élargie à tous les moyens de réception, et le montant serait augmenté pour s’élever à la moyenne européenne. Sur la concentration des médias, il propose d’instaurer de nouvelles limites plus restrictives et s’opposerait à la fusion TF1/M6. Le candidat propose d’abroger les décrets Tasca qui externalisent la production et la propriété des contenus. Sur la publicité, le candidat est pragmatique, mais préfèrerait, par exemple, taxer les GAFAM. Fabien Roussel souligne l’attachement aux stations régionales, et son opposition à la disparition de France Ô. Il n’exclut pas de nationaliser TF1. Les PDG de France Télévisions et Radio France seraient désignés par la représentation nationale sur proposition d’un conseil d’administration composé à 50% de salariés. Enfin, il limiterait le recours aux CDD et maintiendrait le régime d’assurance chômage spécifique du Spectacle.
Jean-Luc Mélenchon. Le candidat est celui dont les propositions sont les plus construites, il nous envoie 8 pages de réponses.
Le candidat de La France Insoumise veut maintenir la redevance, et l’augmenter en fonction des revenus pour atteindre le niveau de financement d’autres pays européens. Le financement de l’audiovisuel public serait également garanti par une taxation généralisée du marché publicitaire et des GAFAM. L’information serait un bien commun, inscrit dans la nouvelle constitution de la 6e République, et une loi-cadre anti-concentration garantirait le pluralisme des médias.
Jean-Luc Mélenchon réviserait les décrets Tasca pour rendre à France Télévision des droits sur ses productions. Les marges des producteurs privés seraient soumises à plus de transparence. Le numérique serait renforcé, avec un budget spécifique et une augmentation des ressources. Le candidat propose la création d’une médiathèque gratuite en ligne, avec les œuvres tombées dans le domaine public.
Des moyens supplémentaires seraient attribués à la proximité en régions, dans l’hexagone et en outre-mer. La désignation des présidents de l’audiovisuel public serait faite par l’Assemblée Nationale, avec une meilleure représentation du personnel en conseil d’administration, et un pouvoir des rédactions qui serait renforcé. Un quota maximum de 5% d’emplois précaires serait fixé pour les grandes entreprises et le système d’assurance chômage spécifique du Spectacle serait sécurisé et amélioré.
Nous regrettons ne pas avoir reçu plus de réponse des autres candidats, leurs programmes étant plus que vague sur leurs intentions. La CGT mettra tout en œuvre pour sauver l’indépendance et le financement de l’Audiovisuel public.
L’intégralité des réponses reçues sont à lire ici.
__________
* à l’exception d’Eric Zemmour, Marine Le Pen, un choix délibéré de la CGT.
![]() |
Paris, le 7 avril 2022 |