4 gros sujets à l’ordre du jour de ce CSE : la régionalisation et son nouvel avatar Tempo, le lancement de l’information/consultation sur le déploiement du nouvel outil de conducteurs Openmédia dans le réseau régional, ainsi que deux points substantiels sur la Fabrique et sur la santé au travail.
Le CSE en bref
Régionalisation : l’horizon incertain
Tempo vient ajouter de la confusion à un projet qui manquait déjà de lisibilité, entre l’organisation du numérique qui tarde à se mettre en place et l’expérimentation sur les régies automatisées qui n’est toujours pas lancée à Strasbourg. Une crainte générale cependant : que tous ces projets contribuent à réduire un peu plus le nombre de salariés et l’intérêt du métier.
Openmédia : la phase 2 du NRCS en terrain instable
Une fois de plus, la direction cherche à lancer un logiciel non stabilisé dont les bénéfices en termes d’ergonomie de travail restent largement à démontrer. Les élus ont lancé une expertise sur le sujet.
Fabrique : la boite à claques
La Fabrique concentre les pires travers de la boite en termes d’organisation et de fonctionnement, de management et d’accompagnement des projets et des salariés. Entre l’alerte sur le site de Bordeaux, le fonctionnement des instances de proximité ou l’activité elle-même, les sujets continuent à crisper les relations entre la direction et les élus.
Santé au travail : long is the road…
Entre les questions d’absentéisme galopant et les risques liés aux rayonnements électromagnétiques, l’inertie de la direction est impressionnante et les élus ont souvent l’impression de prêcher dans le désert. Et on ne parle pas du dossier du déménagement d’Antibes qui suscite les plus vives inquiétudes pour la suite.
Régionalisation : Tempo s’invite dans le débat
Nous l’écrivons depuis plusieurs mois, la régionalisation nous semble marquer le pas et s’être largement éloignée du projet originel. Cela nous est apparu de manière frappante lors des dernières – et rares – réunions de la CASAR, la commission d’anticipation de suivi et d’ajustement de la régionalisation. Nous avons tenu à exprimer notre déception lors de la réunion du 7 septembre.
Tempo s’est largement invité dans les débats. Le projet lancé à la surprise générale au début de l’été est censé aboutir dans un an à des tranches d’info de la 3 prétendument pilotées par les seules rédactions régionales, les éditions nationales étant appelées à disparaître.
Ce projet suscite la suspicion voire le rejet de toutes parts, car il est perçu, une fois de plus, comme une manière de faire des économies sur le dos des salariés et de leurs conditions de travail.
L’équipe projet aura donc fort à faire pour convaincre l’ensemble des salariés. A sa tête, Sophie Guillin, une bonne connaisseuse du réseau régional, accompagnée d’une coordinatrice de l’info régionale, Anne-Sophie Maxime, jusqu’ici rédactrice en chef à Marseille, d’un coordinateur de l’info nationale, Julien Duperray, auparavant chef du service économique de la rédac nat, d’une ex-doc aujourd’hui cheffe de projet à la Direction de la coordination de l’information régionale, Marie-Laure Piron, d’Anne Peiffer, la toujours cheffe de centre de Nancy, et d’un coordinateur RH, Rafaèle Bourgier, qui fait partie du Pôle conseil et accompagnement de la RH.
Actuellement, l’équipe fait des simulations de conducteurs à partir de ce qui est produit chaque jour par les différentes rédactions.
Là encore, un « accord de méthode » doit être négocié avec les organisation syndicales, afin de déterminer de quelle manière les élus vont suivre ce projet qui est censé se mettre en place en un temps très court (à peine 8 mois). Un processus d’information/consultation des CSE (Réseau, Siège, CSE central) doit être lancé cet automne.
Le projet d’expérimentation de régie automatisée à Strasbourg doit entrer dans sa phase opérationnelle cet automne. Sur place, les équipements sont installés et sont en cours de validation. Les négociations autour d’un accord d’expérimentation commencent ces jours-ci avec les organisations syndicales représentatives du réseau régional. Les appels à candidatures des référents techniques des antennes régionales doivent avoir lieu en octobre. La direction souhaite pouvoir lancer l’expérimentation en janvier pour une période de 4 à 6 mois. Les membres de la CASAR doivent se rendre sur place le 9 novembre.
Sur le front du numérique, toujours rien sur l’organisation et les moyens dans les antennes régionales. La direction dit n’être pas prête et annonce qu’elle présentera son projet au 1er trimestre 2023. Cela inclut les évolutions des tâches des chargés d’édition numérique, alors même qu’un travail sur le sujet a été validé en début d’année par la direction du Réseau.
Depuis quelques mois, un certain nombre d’évolutions ont été mises en place sur les plateformes gérées par la direction du numérique, france.tv pour les programmes et franceinfo pour l’info : tous les replays sont désormais hébergés sur la plateforme france.tv (rubrique chaîne France 3 puis choix de la région en descendant dans la page), y compris les JT, la mise en ligne automatique s’est améliorée ; les pages info régionales ont évolué graphiquement, des pages spéciales ont été testées pour des événements comme les élections ou le Mondial de pétanque, générant une forte audience ; etc.
Cet été, l’antenne PACA a testé le « vignettage » du JT régional, autrement dit la mise en ligne découpée sujet par sujet du replay du JT. Cette expérience n’a pas été jugée concluante par la direction mais les élus en ont critiqué la méthode : expérience locale sans cadre défini (par exemple celui d’une expérimentation), conduite dans un service documentation dont l’équipe est en vacances, donc avec des CDD qui ont dû assurer cette tâche au détriment de l’indexation du JT quotidien, période de test inadaptée (entre le 15 juillet et le 15 août) et trop courte pour en mesurer réellement l’audience sur le public. Une négociation avec les OS aurait permis de mieux cadrer les choses et de s’assurer des moyens. Une fois de plus la direction a cherché à agir en douce, en faisant reposer la charge sur des salariés précaires.
En outre, cette expérience renvoie une fois de plus à la question de la nature des contenus mis en ligne sur le site – entre contenus journalistiques et non journalistiques – et à leur identification par l’internaute. Cette question, posée depuis plusieurs années par les élus, reçoit des réponses évasives d’une direction qui rêve manifestement que tout le monde fasse tout sans distinctions et sans protection légale des auteurs. La direction évoque la mise en place sur le site d’une identification claire des auteurs des contenus, indiquant leur qualité, mais cette évolution est à ce stade pour le moins balbutiante.
Quant à l’application Ici, c’est à ce stade un non-projet pour le réseau régional de France 3. La plateforme, gérée par Radio France, n’est ni plus ni moins que celle de France Bleu qui a vaguement été replâtrée. On comprend aux propos de la direction du numérique, que la collaboration entre les deux boîtes est compliquée, que la plateforme technique de Radio-France est moins performante, ne permet pas la mise en ligne des articles avec vidéos, ce qui bloque les évolutions du site et qu’au final, pour la direction du numérique, cette appli n’est pas un enjeu. Ce qui compte, c’est le site internet et ses référencements sur les moteurs de recherche ; l’appli ressemble finalement à une expérience de développement pour Radio France, FTV n’entend pas lancer le moindre site internet commun tant que l’appli Ici ne sera pas pleinement fonctionnelle, autant dire pas demain la veille…
Reste que, selon la direction du Réseau, le simple fait de changer de nom et d’agréger quelques articles de France 3 a permis à l’appli France Bleu de quasiment doubler son audience. Tout bénef pour Radio-France, donc.
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Voir le compte-rendu de la CASAR du 7 septembre 2022. |
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Openmédia : la phase 2 d’un NRCS non stabilisé
La direction s’apprête à lancer le déploiement de la phase 2 du NRCS (le News Room Computer System), c’est-à-dire le logiciel de gestion des conducteurs OpenMedia. Cet outil est appelé à remplacer Lisa, alors que la phase 1, Newsboard, a remplacé Mona.
La direction souhaite déployer l’outil dans le réseau régional, alors que le déploiement au siège et à France 3 Paris Ile de France a généré de nombreux bugs et dysfonctionnements qui ne sont toujours pas stabilisés, quoi qu’en dise le chef de projet Romuald Rat.
En outre, Newsboard n’est pas non plus stabilisé et connaît des bugs importants.
Difficile, donc, de lancer un outil sur des fondations instables. Les élus ont décidé de lancer une expertise, afin de mesurer les impacts d’OpenMedia sur les utilisateurs ; ils ont désigné la coopérative Cedaet à cette fin.
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Voir la résolution des élus | |
Fabrique : l'usine du mal-être au travail
La direction de la Fabrique est arrivée toute chafouine en CSE. En particulier la DRH du secteur, Catherine Fichet, qui a très mal pris le liminaire de la CGT évoquant « un management distant et pathogène [et des] ressources humaines à la fois inefficaces, pléthoriques et incompétentes ». Selon elle, l’équipe RH est très peu nombreuse et ne compte pas 15 personnes comme indiqué sur l’organigramme mais seulement 9 personnes : une DRH qui a un périmètre plus large incluant la direction des technologies, un RRH et 4 IRH pour le centre Nord, une RRH et 2 IRH (dont un poste vacant) pour le sud.
C’est donc une direction sur la défensive qui a répondu aux élus.
Concernant l’alerte à la Fabrique de Bordeaux, la direction s’est fait sévèrement remonter les bretelles par l’inspectrice du travail, présente, qui a évoqué une forme de « harcèlement moral » organisationnel, constatant que la direction n’avançait pas « dans la prévention des risques ». Ça a jeté un froid… Non seulement la situation à Bordeaux ne s’améliore pas mais elle continue à se dégrader et la direction de la Fabrique cherche à tout prix à évincer les élus, de peur qu’ils lui demandent des comptes. Bordeaux est un cas emblématique de « trahison » de la part de la direction, alors que ce site devait bénéficier d’une reconversion industrielle, suite à l’arrêt des fictions classiques. Au final, la reconversion vers des fictions numériques n’a pas eu lieu et les salariés du site se sentent abandonnés.
Olivier Roelens annonce 3 tournages de fictions numériques dans les mois qui viennent (une dans la région de Martigues, une dans la région toulousaine et une 3e en Bretagne), mais avec très peu de salariés bordelais, vu que les tournages sont en priorité proposés aux équipes les plus proches et vu qu’il ne reste quasiment rien de l’équipe de tournage fiction.
Les élus CGT ont demandé le respect de l’accord de mai 2019 et la recréation d’une véritable équipe de tournage fiction sur le site de Bordeaux.
Les élus ont également évoqué le fonctionnement défaillant des instances de proximité Nord et Sud de la Fabrique, 5 mois après leur création, qui décourage les représentants de proximité, estimant que cela pouvait s’apparenter à de l’entrave. La direction reconnaît des difficultés mais tente de les minimiser.
Le rôle des responsables des activités de fabrication (RAF) a largement été débattu.
La direction dit avoir fait évoluer la fiche de poste de ces cadres de proximité (les seuls désormais à la Fabrique), afin de mettre plus en avant leur rôle d’encadrant et de leur adjoindre la fonction d’animateurs/prévention sécurité. De ce fait, ils ont été repositionnés en groupe 9.
En revanche, la question de leur marge de manœuvre reste entière. Ont-ils la possibilité de décider le recours à des CDD en cas de besoin ? Peuvent-ils engager des petites dépenses comme des achats de plug-in afin de permettre à leurs équipes d’avancer sur leurs projets ?
Yves Dumond répond que oui, il décrit un processus accéléré en cas d’urgence (sans les 3 devis obligatoires dont on ne peut déroger dans le Réseau) mais qui reste tout de même un circuit de prise de décision (via le patron de la post-production puis vers le patron d’AISO ou vers celui de la planification pour arbitrage) centralisé et lourd et qui traduit surtout l’incapacité de cette direction à faire confiance à ses cadres de proximité en leur donnant de l’autonomie. On constate bien une organisation et un fonctionnement complètement rigides et verrouillés.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la moitié des RAF ont quitté leurs postes.
Quant à la nécessaire clarification des rôles entre le RAF et le cadre de gestion, là encore la direction reste évasive, en évoquant la nécessité de s’adapter au cas par cas et en précisant que « en aucune manière, le cadre de gestion n’a vocation à remplacer le RAF sur l’intégralité du périmètre du poste » (Catherine Fichet) en cas d’absence du premier. Insuffisant pour les élus qui ont demandé une clarification des prérogatives de l’un et l’autre, afin que des cadres de gestion en groupe 5 ne soient pas obligés de suppléer des managers groupe 9 sans cadre et sans reconnaissance. La direction accepte de mener ce travail.
Plan de charge des activités de fabrication. A fin juin, donc à mi-année, la réalisation du plan de charge de la Fabrique atteignait 66% pour la vidéo mobile (56% sans les externalisations), 43% pour les équipes de tournage (26% sans les externalisations), 52% pour la fiction, 46% pour les deux feuilletons, 47% pour la post-production (42% sans les externalisations).
Sur les équipes de tournage, les élus dénoncent un sabotage organisé, puisqu’il n’existe plus aujourd'hui qu’une seule équipe de tournage complète à Strasbourg. Ailleurs, les équipes sont mitées et éparpillées entre différentes activités, quand elles n’ont pas été supprimées. En tout et pour tout, il reste 2 OPV à mi-temps sur les tournages à Rennes, un OPV et un OPS à Strasbourg. Impossible dans ces conditions d’espérer un jour atteindre le plan de charge, et on ne parle même pas de développement…
La direction dit vouloir reconstituer des équipes complètes sur les sites où il y a de l’activité. Ça se résume à Rennes, Lille, Marseille et Lyon et ça interroge, à la fois sur la volonté de la Fabrique de développer cette activité et sur celle de la direction du Réseau de développer le recours aux moyens internes de fabrication plutôt qu’au privé.
Concernant la vidéo mobile, les élus déplorent que certains cars restent « tankés » comme régie sur les plateaux du Franay et qu’ils subissent de la sous-activité, ce que dément François-Xavier Georget, le directeur délégué du pilotage de la performance et de la régulation d’activité (traduction : le grand chef de la planification et des moyens). Selon lui, il n’y a « pas de sous-activité critique » (tout est dans la nuance) à la VM, cet été on aurait plus tourné qu’habituellement et l’on devrait atteindre 98% du plan de charge en fin d’année. Par ailleurs, précise-t-il, la direction essaye d’équilibrer la part de flux (l’enregistrement d’émissions de jeux et autres au Franay) entre les différents cars.
Selon lui, un des objectifs majeurs pour 2023, c’est le développement des captations régionales de sport et de spectacle vivant.
Depuis cet été, une erreur de pesée du car de Lille entraîne son immobilisation pendant plusieurs mois au Franay, puisqu’un car en surpoids n’est pas autorisé à circuler sur les routes. Les personnels craignent que ce genre d’erreur ne soit utilisé comme prétexte à l’immobilisation des cars et réclament des pesées effectuées dans les règles de l’art.
Concernant la post-production, les chiffres transmis aux élus étaient faux, il n’a donc pas été possible de débattre dessus.
D’une manière générale, les élus ont déploré que la direction se donne pour seul objectif d’assurer le plein emploi des personnels permanents, ce qui ferme la possibilité à tout développement de l’activité. D’ailleurs, même avec cette approche, certains personnels sont en sous-activité, en particulier sur les tournages. Pour les élus, on est très loin des engagements autour du pacte de priorité sur le recours aux moyens internes de fabrication.
Santé au travail
Dans sa dernière réunion, la commission santé, sécurité et conditions de travail s’est intéressée aux ondes électro-magnétiques dans l’utilisation des Aviwest, sur lesquelles la direction technique continue à ne pas vouloir appliquer le principe de précaution.
Quant au bilan de l’absentéisme, il atteint le chiffre préoccupant de 8,55% dans le réseau régional alors que la moyenne nationale française est à 5,6%. Les élus ont pourtant tiré la sonnette d’alarme en CSE Central en présence de Delphine Ernotte dès le mois d’avril 2021 et la question avait été prise très au sérieux. On voit le résultat...
La CSSCT s’est par ailleurs penchée sur l’ébauche d’un plan de prévention des risques pour l’expérimentation autour des régies automatisées et sur le rapport d’enquête paritaire à France 3 Normandie-Rouen suite à l’accident du travail d’un salarié.
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Voir le compte-rendu de la CSSCT du 14 septembre. |
Les élus avaient également demandé des réponses écrites dans deux dossiers : suite à l’avis rendu concernant le projet de transfert de la station de France 3 Côte d’Azur d’Antibes à Nice et suite à la résolution adoptée après un risque grave au sein du service IMG de Nantes.
Si l’on observe que la direction régionale des Pays de la Loire s’est emparée du sujet et semble travailler à la mise en place d’actions afin de stabiliser la situation, on ne peut pas en dire autant du dossier d’Antibes : affirmations péremptoires, voire arrogantes, réponses vaseuses, non prise en compte des conclusions pourtant sévères de l’expert du CSE. En gros, la direction est droit dans ses bottes, au niveau local comme au niveau régional. Après ses graves manquements dans la conduite de ce projet, on aurait pu imaginer qu’elle ferait profil bas. Que nenni ! Le directeur des IMG de France Télévisions reste inflexible, campé sur ses positions. Quant au directeur régional de PACA, il croit opportun d’ironiser ou d’asséner des réponses définitives aux remarques des élus.
La seule nouveauté dans ce sujet, c’est que la direction du Réseau compte proposer une « piste de solution » pour répondre au problème de la couverture de l’actualité sur l’Ouest de la région. C’est bien maigre, d’autant qu’on ne sait pas de quoi il s’agit. La direction s’est contentée de répondre qu’il ne s’agissait pas du projet de RER (reporteurs en résidence), ni de l’ouverture d’un BIP ou d’une locale. Le suspense est intense…
Les élus ont transmis le rapport d’expertise et l’avis du CSE sur le projet d’Antibes aux administrateurs de France Télévisions afin qu’ils réexaminent le dossier, notamment en raison de son coût très élevé (au moins 19 M€ à date).
Vie du CSE
Laurence ROMET (FO, Amiens) a été élue trésorière-adjointe du CSE, en remplacement de Sabrina MARTIN (Toulouse) qui a été recrutée comme cheffe de service du CSE.
A noter
Prochain CSE : 12 et 13 octobre
Prochain CSE central : 18 et 19 octobre
Prochaine CSSCT : 26 et 27 octobre
Prochaine CASAR : le 9 novembre à Strasbourg.
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Paris, le 28 septembre 2022 |