En cette fin d’année, à l’heure des incontournables rétros, arrêtons-nous deux minutes pour regarder en arrière.
La question qui est souvent revenue en 2022, c’est : où en sommes-nous du projet régional ? Il faut avouer qu’au milieu des coups de freins et revirements, il est difficile de garder les idées claires.
Il est intéressant à cet égard de relire l’accord du 7 mai 2019, négocié en personne par la présidente. L’accord évoque le triplement de l’offre régionale en affirmant qu’il ne doit pas se faire au détriment de la qualité de l’offre de l’information et des programmes. Cela implique, peut-on lire, le renforcement des capacités de production des équipes régionales, l’enrichissement de l’offre par le développement de contenus diversifiés et innovants dans chaque territoire, la préservation et le renforcement des équipes dédiées à l’information régionale et locale sur tous les supports.
3 ans plus tard, le constat des écarts entre la promesse et la réalité est vertigineux. Que reste-t-il de l’intention stratégique affirmée par la patronne, qui évoquait à l’époque rien moins que l’inversion du modèle ?
En lieu et place de ce big bang alléchant, on a vu les effectifs continuer à baisser avant de momentanément se stabiliser, les moyens de captation fondre comme neige au soleil, les tentatives de régionalisation des créneaux de diffusion se heurter à la triste réalité du manque de moyens, celui-là même qui empêche véritablement la révolution numérique et épuise des équipes depuis longtemps sous-dimensionnées. Celui-là encore qui entraine la fuite de la fabrication des programmes vers les producteurs privés.
Bien sûr, le Président de cette instance va nous redire qu’on a amélioré la circulation des programmes, qu’on a développé les retransmissions sportives ou les collections de documentaires, mais on a aussi augmenté la pression sur les salariés - confère le 18h30 -, dégradé leurs conditions de travail et accru le sentiment généralisé de qualité empêchée.
On est très loin de la promesse et la stratégie, pour les équipes, est devenue illisible. Alors même que les précédentes orientations ne sont pas encore une réalité, de nouveaux projets comme Tempo viennent se superposer, percuter, brouiller la ligne d’horizon, désorienter les collectifs.
Que nous réserve 2023 ? Peut-on espérer un peu de stabilité dans notre entreprise, voire rêver d’une forme de constance stratégique ?
Nous avons passé l’âge de croire au père Noël, mais nous affirmons, dans l’intérêt de tous, qu’il est temps qu’on arrête de prendre notre maison pour un flipper.
Les salariés ont besoin qu’on les rassure enfin sur leur devenir, qu’on leur redonne le goût de se projeter, d’être créatifs, de croire que travailler dans le service public de l’audiovisuel peut être un métier d’avenir.
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Paris, le 7 décembre 2022 |