La publication de la fameuse note tombée du camion et signée par les patronnes de FTV et de Radio-France est venue rajouter du trouble au trouble.
Elle intervient dans un contexte où les salariés au mieux sont inquiets pour leur avenir professionnel au pire sont en crise de sens et en souffrance au travail. Les symptômes sont pourtant clairs : absentéisme au plus haut, difficulté à recruter, alertes santé décuplées, dialogue social de plus en plus tendu.
La note vient confirmer une ligne d’horizon peu motivante voire rebutante.
Qu’envoie, en creux, comme message cette proposition stratégique adressée par nos directions à la ministre ?
Qu’il y a toujours plus d’économies à dégager, que l’avenir pour les salariés régionaux est forcément dégradé : une télévision de seconde zone faite de polyvalences tous azimuts, d’automatismes, d’outils bas de gamme et de leur cortège de pertes de sens, de qualité empêchée, de détérioration des conditions de travail. Une vraie fracture sociale par rapport à la télévision premium incarnée par le « vaisseau amiral France 2 ».
Non contents d’avoir supprimé des centaines de postes au cours des dix dernières années, d’avoir dégradé les conditions de travail et d’avoir ainsi favorisé l’émergence et la multiplication des troubles psychosociaux, nos dirigeants souhaitent aggraver encore la situation.
Un futur fait de polyvalences, autrement dit d’intensification du travail et de la charge mentale, d’éloignement des cœurs de métier.
La direction nous vend un avenir d’opérateurs 360º, de petits robots multimédias. Notre avenir passe-t-il vraiment par les serveurs automatisés, les outils de captation grand public ou l’asservissement numérique aux plateformes américaines ou chinoises telles que Tik-Tok ?
La note adressée à la ministre de la Culture traduit en outre la condescendance assez bêtasse de nos élites à l’encontre de l’info régionale, qu’elles imaginent « joyeuse et apaisante ». Comment un tel qualificatif a-t-il sérieusement pu germer dans les têtes pensantes de notre entreprise ?
Rien que ces éléments suffisent à provoquer la colère, indépendamment de possibles intentions de rapprochement des structures de France 3 et de France Bleu.
Que l’on soit bien clairs, nous ne sommes pas fermés à des coopérations entre les entreprises de l’audiovisuel public, elles ne sont d’ailleurs pas nouvelles et sont même porteuses de sens sur certaines opérations éditoriales, mais nous croyons plus à une addition et à une complémentarité des savoir-faire, qu’à une dissolution dans la logique financière des mutualisations.
Projet de développement de chaines régionales, projet Tempo, projet de rapprochement avec France Bleu, projet d’offre numérique de proximité, expérimentation des régies automatisées. Ces projets sont-ils contradictoires ou complémentaires ? Comment s’articulent-ils les uns aux autres ? Quels sont les impacts de chacun d’entre eux sur les salariés ? C’est à la direction de répondre à ces questions et nous constatons jusqu’à ce jour que la confusion est totale.
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Paris, le 22 février 2023 |