

Déclaration liminaire au CSE du réseau de France 3 de mai 2023
Inertie et dissonance : les ingrédients du dialogue social à France 3
Si on devait qualifier le dialogue social dans cette instance et à France Télévisions plus généralement, on pourrait parler de dissonance cognitive.
Que dire, que nous n’ayons déjà dit maintes et maintes fois ?
L’écart entre les discours et la réalité est abyssal.
Le bilan de la dernière commission santé à l’ordre du jour de ce CSE en est un exemple à la fois patent et consternant. En matière de santé, rien n’avance. Les sujets ne sont pas instruits, l’inertie est impressionnante, les plans d’action non appliqués viennent discréditer les expertises diligentées par les élus pour améliorer la santé et les conditions de travail des salariés.
La santé et la prévention des risques, dont chaque manager, à son niveau, devrait s’emparer à bras le corps, sont sous-traités à la filière RH qui n’est manifestement pas capable de les gérer et se raidit devant nos critiques comme un animal traqué.
On le constate ces temps-ci, le raidissement de la technostructure croît proportionnellement à la montée de notre exaspération.
On l’a vu ces jours derniers avec la contestation bête et méchante par la direction de l’expertise libre sur les ondes électromagnétiques votée par les élus de notre CSE et financée par notre instance. Face à l’inquiétude légitime des salariés, la direction choisit donc la pire des options : elle met le couvercle sur un sujet explosif et piétine au passage, et sans vergogne, le principe de précaution. Elle confirme à ceux qui en doutaient encore qu’elle n’a ni empathie ni considération pour les salariés dont elle a la responsabilité et révèle ce qu’elle est : obtuse et rigide.
Les salariés pourront mesurer le chemin parcouru depuis les constats mis en avant par le rapport Vacquin dans le réseau régional : « les services RH ne jouent pas leur rôle de support des salariés : ils ne sont considérés ni comme une source d’information valable ni comme une source de soutien ». 8 ans plus tard, la relecture de la phrase donne le vertige.
La dissonance est forte aussi dans la conduite des projets concernant le réseau régional. Dissonance – récurrente – entre les bénéfices supposés d’un nouvel outil logiciel et ce qu’il provoque dans le quotidien des salariés sur le terrain : nous allons évoquer au cours de ces deux jours l’accident industriel et social que menace d’être OpenMédia, le nouveau système de gestion des conducteurs.
Dissonance encore entre le monde marketé de la stratégie proclamée et le monde réel. Tempo, présenté par la PDG comme un renforcement des rédactions régionales, alors qu’il s’agit trivialement de supprimer les éditions nationales de la 3, afin de laisser toute la place à France 2 et à Franceinfo.
Tempo, justement, duquel le numérique est totalement absent.
Incompréhensible quand on se reporte aux annonces stratégiques qui prétendaient créer en région 24 médias globaux de la proximité.
Dans les régions, les moyens sur le web n’ont guère évolué et on attend toujours la présentation d’un projet d’organisation visant à atteindre les objectifs de montée en puissance. La dernière réunion de la Casar a montré qu’on risque encore d’attendre…
Jusqu’ici la direction a surtout, et comme d’habitude, créé des postes de cadres et de coordinateurs, en laissant les laborieux, sur le terrain, assumer, avec des bouts de ficelle, des charges de travail et charges mentales tout à fait inacceptables, sans compter les injonctions paradoxales qui n’aident pas à comprendre la ligne éditoriale.
Sur les métiers, on attend toujours une évolution de la fiche de poste des chargés d’édition numérique et la création, en région, des compétences permettant d’assurer les objectifs fixés en termes d’animation des réseaux sociaux ou de montée en puissance de la vidéo sur nos plateformes, notamment. La directrice RH des parcours professionnels et de la diversité vient de répondre que « la réflexion n’a pas encore suffisamment abouti » (sic). On en rirait si on n’était pas indignés.
Sur ce sujet encore, l’inertie, écrasante, crée un vilain goût de dissonance.
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Paris, le 24 mai 2023 |