Le dialogue social dans l’impasse
Beaux discours, inertie ou jeu de biscottos, tels sont les ingrédients du CSE de rentrée en cette fin août. Les mêmes, en somme, que ceux de la saison précédente.
Sur ce qui touche aux conditions de travail, à la santé des salariés, on est en pleine vasière. Quand on demande à la direction de nous présenter les avancées des dossiers, les plans d’action mis en œuvre, c’est l’encéphalogramme plat, il n’y a visiblement pas de lumière à l’étage.
Les porte-flingues de la RH
En revanche, elle n’a eu aucun état d’âme à écourter la réunion ordinaire et à renvoyer de nombreux points importants, afin de caser une réunion extraordinaire visant à licencier un élu du CSE. Là, martiale, la DRH – celle de la Fabrique en l’occurrence – vient se livrer à la seule chose qui, manifestement, la motive et lui fait faire diligence : les sanctions disciplinaires.
On ne peut pourtant pas dire qu’elle y excelle car tout, dans son dossier comme dans la procédure, révèle ses manquements et ses insuffisances. Mais ça aussi, c’est dans l’ADN de cette direction : on a envers les salariés une exigence qu’on n’a pas pour soi-même.
Voir à ce sujet la déclaration liminaire de la CGT |
Une Justice d’exception
Les élus ont méthodiquement pointé l’incurie du dossier de la direction, qui reproche à l’élu des « comportements inappropriés et récurrents » : dossier lacunaire, opaque, « instruit » à charge par un cabinet extérieur non reconnu par le ministère du travail, envoyé au dernier moment par la direction, empêchant les élus de l’étudier. Comme par hasard, la référente harcèlement du CSE n’était pas au courant de cette enquête… Tout montre que la DRH de cette entreprise n’entend pas travailler avec les élus et qu’elle leur crache au visage.
Faute d’être en capacité de dire si les accusations à l’encontre du salarié étaient fondées ou pas, les élus se sont prononcés contre son licenciement. Ils rappellent que tout salarié a droit à une enquête digne de ce nom, respectant les principes du contradictoire, comme gage d’absence d’arbitraire. A ce stade nous sommes une nouvelle fois très loin du compte.
Le monde perché de la direction du Réseau
Du côté des beaux discours, le président du CSE se livre à son exercice favori : l’inventaire de ses faits d’armes en matière de grille des programmes. On ne vous refait pas l’exercice, vous l’avez forcément entendu maintes fois ou ça arrivera : le renouvellement de la politique de documentaires, le développement des PAE sportives, les matinales communes avec France Bleu, l’autonomie de programmation des directions régionales, etc.
Les élus dénoncent, eux, la raréfaction ou l’externalisation des programmes hors-info et la perte de sens qui s’ensuit pour les salariés, le directeur ressort, lui, toujours le même chiffre : la part de production interne aurait augmenté depuis son arrivée grâce à l’arrêt du contrat avec Eden (et au passage l’arrêt des matinales tout court dans plusieurs régions).
Sur la défensive, le patron manque un peu d’arguments pour expliquer pourquoi, si le bilan est aussi ronflant, les salariés, eux, vont de plus en plus mal. Confer le nombre d’alertes liées aux risques psychosociaux, dont le CSE est submergé (et qui n’avancent pas car la direction ne fait rien derrière, CQFD).
ICI, le saut dans l’inconnu
A quelques jours du lancement des éditions ICI, Philippe Martinetti assure qu’il s’agit d’une véritable évolution éditoriale, la plus importante depuis longtemps : « ces éditions vont changer le visage des chaines régionales et renforcer notre visage de 1er média de la proximité », ajoutant que cela renforcera la chaine car « ça ne permettra plus de remettre en doute l’existence de France 3 ».
Le projet Tempo a vécu. Désormais, de nouveaux visages, pour défendre les éditions ICI : Erik Berg, le désormais directeur de l’info des régions, ainsi qu’une équipe d’accompagnement temporaire composée d’Isabelle Staes, l’ancienne directrice de l’info régionale, Anne-Sophie Maxime, par ailleurs rédactrice en chef de Marseille, Rafaèle Bourgier, qui est chargé de l’accompagnement RH.
L’équipe de l’édition ICI est en place au sein de la rédaction nationale. Elle est dirigée par Julien Duperray, désormais directeur adjoint de l’info des régions.
Les rédacteurs en chef sont Valérie Houart et Léo Lemberton. Les adjoints : Eric Brisson, Clarisse Verhnes, Mathias Second, et Jérôme Bazin pour les formats longs. Il y a en outre des responsables d’édition et des chefs d’édition, ainsi que des assistantes.
Cette direction nationale chapeaute également IV3 et FTR. Ainsi que la direction de la stratégie numérique régionale. Ce qui n’empêche pas la direction d’affirmer qu’il s’agit d’un projet de décentralisation…
Au final, on s’interroge sur le rôle de la direction du Réseau dans tout ça…
Les élus ont déploré le peu de numéros zéro en conditions du réel et les risques que cela faisait courir aux salariés et à l’antenne. La direction répond que « ce sera un work in progress, ça ne sera pas parfait au départ ». Apparemment, ça ne la dérange pas. Erik Berg ajoute que « ce sont des professionnels de part et d’autre, je n’ai pas d’inquiétude sur un crash ».
Pour le reste, les questions des élus restent sans réponse ou presque :
- Les réponses écrites (une obligation du code du travail) de la direction à l’avis rendu en juillet par le CSE ? Silence général sur les bancs de la direction
- La répartition des 60 ETP ? On vous le présentera plus tard (réponse dilatoire de directeur)
- La semaine de 4 jours ? « C’est une question d’orga qui peut être regardée en fonction de l’orga » (fin de non-recevoir dilatoire de RH).
Bilan de cette séance de CSE ? Une perte de temps.
On retiendra cependant la pépite prononcée par Erik Berg : « Dans ce que j’ai regardé, la partie nationale était presque la partie la plus réussie ». A bon entendeur…
Le ronron de la régionalisation
Par ailleurs, la CASAR, la commission d’anticipation, de suivi et d’ajustement de la régionalisation continue à se réunir de loin en loin. Les deux dernières réunions ont eu lieu au printemps, mais l’engorgement du CSE n’a pas permis de traiter ces points avant.
Sujet principal de préoccupation, l’organisation du numérique. La direction promet depuis de longs mois une nouvelle organisation, mais elle tarde et essaie de gagner du temps. Après la présentation d’un 1er projet visiblement bâclé, elle a revu sa copie.
Son projet ne prévoit pas de renforcement des moyens humains en région, mais une multiplication des postes de coordination en haut de la pyramide.
La direction se félicite de la mise en place – en mission pour l’instant – des coordinateurs numériques en région. Elle souhaite créer 4 postes de chargés d’édition numérique vidéo, un par ex-pôle. Des postes assignés à des techniciens vidéo, afin d’accroitre les contenus vidéos sur nos sites.
Mais pour les élus, les priorités sont les forces qui produisent dans les antennes. Ils réclament un socle commun, avec systématiquement des rédacteurs en chef adjoints numériques (les postes sont vacants dans plusieurs antennes), une équipe stable de journalistes spécialisés et un nombre de contributeurs adéquat, un doublement du nombre de chargés d’édition numérique, afin qu’ils puissent assurer une continuité de l’activité.
En outre, on attend toujours une évolution de la fiche de poste des chargés d’édition numérique. Un long travail au cours d’ateliers de travail avec les intéressés eux-mêmes, mais alors que ce travail était en passe d’aboutir, la DRH centrale a tout stoppé en prétendant qu’il fallait encore réfléchir. Un espace métier est prévu le 14 septembre, on a hâte de connaitre le résultat des réflexions de la RH centrale…
Bref, pendant ce temps-là, les équipes sur le terrain continuent à travailler dans des conditions dégradées, sans une réelle considération.
Voir ici les comptes rendus de la CASAR |
Parmi les autres sujets, l’application ICI, l’émission sport du Réseau, produite par Reims et diffusée au niveau national le samedi à midi, le simulcast sur les opérations exceptionnelles avec France Bleu, etc.
Égalité femmes/hommes : un léger mieux
Pour la 1re fois, la commission de l’égalité professionnelle a pu faire un travail construit, en disposant de documents à croiser et en recevant des réponses précises des personnes directement chargées du pilotage social et de la politique salariale au niveau central.
Le rapport de la commission met en avant des progrès sur plusieurs indicateurs. Même si la part des femmes progresse dans le Réseau pour atteindre 44,6%, cette progression se fait malgré tout surtout par le vide, puisque la RCC a vu partir plus d’hommes que de femmes.
Voir le compte-rendu de la commission de l’égalité professionnelle. |
Vie du CSE
Renouvellement de RP. Les élus ont désigné Ophélie Le Piver comme RP titulaire à Toulouse et Camille Saiseau comme RP suppléant. A Strasbourg, Christophe Steiner a été élu RP titulaire et à Dijon, Gabriel Talon devient RP suppléant.
A venir
Prochain CSE : 20 et 21 septembre
Prochaine CSSCT (commission santé) : 26 et 27 septembre
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Paris, le 11 septembre 2023 |