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Quand la direction de FTV a annoncé le 17 juillet dernier à l’équipe de salariés, tous précaires, de FranceTV Slash que la société BRUT a remporté le contrat pour la refonte de l’offre du média ciblé réseaux sociaux et jeunes publics, personne n’a vraiment été surpris. Ça sentait l’embrouille depuis plus d’un mois.
Une direction tricéphale mais pas de cap Depuis 8 ans les salariés subissent une gestion schizophrénique des réseaux sociaux par la direction car l’offre Slash est gérée éditorialement par la direction Antennes et programmes, et par France TV Studio pour la production exécutive. C’est FTVS qui emploie l’équipe de salariés précaires. Un mode de gestion avantageux pour FTV qui se débarrasse de tout le volet production, mais mortifère pour les salariés qui se retrouvent ballottés entre deux directions. De Thalassa à Télématin, les exemples ne manquent pas. Pour Slash, la chose est encore plus compliquée, car c’est autant une antenne qui diffuse des contenus (au même titre que France 4 par exemple), qu’un média numérique qui produit et diffuse des contenus sur les réseaux sociaux. Dans les faits, il y a donc trois donneurs d’ordres : FTVS, la direction des Programmes et la direction des Antennes. Un grand bazar, pas vraiment adapté à l’ergonomie des nouveaux médias numériques et au management « agile ». FTV ne sait pas faire, mais au lieu de s’appuyer sur la jeune équipe qui s’est installée et qui elle sait faire, elle détricote au fil des ans l’offre de Slash.
Une équipe liquidée Petit à petit, l’équipe a été dépossédée de sa créativité et sa production de formats numériques a été grignotée. Aujourd’hui, FTV se débarrasse des savoir-faire en interne et préfère refiler un bébé rabougri à ses amis de BRUT. Elle laisse sur le carreau quatre journalistes, cinq créatifs (motion designers, directeur artistique, graphistes), un assistant post production et un rédacteur en chef, toutes et tous précaires (CDD, CDD-U, auto-entrepreneur). Sans compter trois salariés de FTVS à temps plein. Ces salariés permittents, dont certains travaillent depuis le début de l’aventure (8 ans il faut le rappeler) ont vu leur situation de précarité empirer : de quelques mois, la durée de certains contrats s’est étiolée pour finir à un mois, renouvelé le mois suivant. Cette fois, à partir du 31 juillet, tout le monde est éjecté. Un pur scandale sur le fond comme dans la forme.
Politique éditoriale sans queue ni tête mais qui coûte cher Au-delà de l’interrogation sur la légalité de CDD renouvelés sur de si longues périodes que la CGT ne manquera pas d’étudier, cette histoire est révélatrice de la calamiteuse gestion de l’offre de FTV sur les nouveaux médias numériques. Pour preuve de cet amateurisme, la fausse bonne idée de la direction des antennes et programmes contenus jeunes publics : attirer sur Slash à coup de millions d’euros les streamers à succès dans l’espoir qu’ils attirent autant de vues que sur leurs chaînes YouTube ou Twitch. Sauf que ça ne marche pas comme ça, et ça coûte cher ! Par exemple autour de 50 000€ pour chaque émission « The Boat » diffusée sur Slash et réalisée par le streamer vedette Zerator, attiré par un contrat d’1 M € ! Et qui lui permet en plus de diffuser simultanément en direct sur sa propre chaîne Twitch. Résultat : 11 000 vues sur Slash, 1,6 M sur la chaîne de Zerator. Cherchez l’erreur ! C’est la politique du chéquier qui prévaut, pas celle du développement d’une nouvelle activité.
Derrière BRUT, l’ombre de Rodolphe Saadé Alors que la Présidente de FTV clame à tout va que la télé c’est fini et qu’il faut investir les réseaux sociaux, la CGT constate qu’en réalité c’est le privé qui profite de cet appel d’air public, et singulièrement la société BRUT. BRUT qui a déjà plusieurs contrats avec FTV, dont dernièrement pour la mise en ligne sur les réseaux sociaux des sujets du 20h et la mise en valeur sur les réseaux sociaux des « incarnations » de FTV. BRUT qui est une filiale de Together Média qui produit des émissions et des séries documentaires pour FTV. BRUT dont l’un des dirigeants fondateurs intervient régulièrement en tant que réalisateur pour des évènements produits par FTV, en particulier sur des évènements de communication de la présidence de FTV. Rodolphe Saadé, le milliardaire armateur du groupe CMA-CGM, a annoncé publiquement début juillet le début d’une négociation pour le rachat total de BRUT. Il étend ainsi son empire médiatique, dont BFM fait partie. La vente au privé des activités de l’entreprise doit cesser ! La CGT interpelle la direction de FTV sur ses liens avec les sociétés Together Media /BRUT et leurs dirigeants, et au-delà avec Rodolphe Saadé. Nous savons bien que la RSE est un social washing à France Télévisions, faites ce que je dis, pas ce que je fais. La CGT exige donc la requalification en CDI des salariés renvoyés à France Travail.
Paris, le 28 juillet 2025
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