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C’est avec cette chanson qu’Anne Sophie Lapix a terminé son journal de 20h le 29 mai dernier. 2 jours avant, elle venait d’apprendre qu’à la mi-juillet elle perdrait sa place de présentatrice de notre grand- messe quotidienne sur France 2. La rumeur bruissait dans le tout Paris médiatique depuis quelques semaines, ou plus précisément depuis que madame Ernotte avait de nouveau attaché sa ceinture pour 5 ans dans le cockpit de France Télévisions. Habituellement, la CGT ne sort pas les mouchoirs pour les stars du PAF. Mais là, quand même, ça mérite qu’on lève un sourcil. Pourquoi cette éviction ? Pourquoi si vite ? Les audiences ? Elles ne sont pas excellentes, mais est-ce la faute de madame Lapix ?
C’est toujours la même chose, quand l’audimat patine : on repeint le décor, on change le générique ou… le présentateur… C’est bien pratique et ça évite les remises en question de la ligne éditoriale, de la hiérarchie de l’information, de l’allongement du 20 h, de la qualité des micros-trottoirs, pardon ! Des sujets. Et pour justifier cette décision, on pointe son manque de popularité, non pas auprès des téléspectateurs… mais de la classe politique ! Qui trouve ses interviews trop pugnaces ! Résultat, nos hommes et femmes politiques qu’on n’imaginait pas aussi fragiles ne veulent plus venir sur France 2. Ils partent embobiner ailleurs. Quant à Anne-Sophie Lapix, elle est soupçonnée de « gauchisme ». Vous ne rêvez pas ! Tout cela pose la question de la sacro-sainte indépendance de l’audiovisuel public. Sur France TV, on vire les journalistes qui posent les bonnes questions. Et sur France Inter, les humoristes qui font des blagues. Elle a du plomb dans l’aile ! Petit rappel utile : La France est 25ème au classement mondial de la liberté de la presse ! Derrière tous ses voisins européens… Une performance médiocre… qui ne date pas d’hier. Plutôt que de se battre pour un changement de touche de télécommande pour franceinfo, on ferait mieux de mettre toute notre énergie pour améliorer ce classement. Mais non. On s’exécute, on exécute. Nous vivons dans un pays où durant 14 ans, les médias n’ont jamais évoqué la fille cachée d’un président alors que tous les journalistes savaient. « Vie privée ! », « ça n’intéresse pas les Français ! », voilà ce que l’on se disait dans les salles de rédaction pour se donner bonne conscience, avant de découvrir que des milliers de citoyens avaient été mis sur écoute pour que ce secret d’État soit bien gardé. Qui n’a pas vu ces 2 journalistes belges nous donner des leçons de pugnacité justement, devant un François Mitterrand rouge de colère, mettant un terme à l’interview en enlevant son micro. Scène impossible en France. Pourquoi ? Alors que France Télévisions a la noble ambition de vouloir lutter contre les fake news, les femmes et les hommes politiques vont pouvoir reprendre le chemin de nos studios et y distiller leurs éléments de langage, souvent émaillés de ce que l’on appelle pudiquement des « contres vérités » sans craindre la contradiction, comme l’a fait récemment notre ministre de la culture Rachida Dati déroulant son storytelling sur France Inter. France Télévisions n’a pas attendu 14 ans, mais plus d’un an pour diffuser un portrait au vitriol sur notre ministre de tutelle. Et l’on y découvre qu’elle a visiblement autant de casseroles que de bijoux cachés. Et pourquoi un tel différé ? Serait-ce pour ne pas entraver les ambitions de notre présidente ?... Alors, cela s’apparenterait à prendre l’antenne en otage pour sa carrière personnelle... Vous trouvez le mot un peu fort ? Pourtant il est convoqué à longueur d’antenne dès qu’il manque 3 trains devant un quai de gare. A France TV, maintenant que l’on va être débarrassé de cette présentatrice encombrante, l’air y sera plus doux. On pourra raconter à peu près n’importe quoi sans être dérangé par un : « Mais attendez, concrètement, vous allez faire comment ? »… Devant les échéances électorales qui s’annoncent, avec une extrême droite qui n’a plus qu’à souffler sur la porte de l’Élysée pour s’y installer et dont l’ADN sont les fake news, les mensonges vont pouvoir couler à flot, ils ne seront pas contrés. Et ceux qui oseront encore poser des questions gênantes, on leur chantera doucement dans l’oreillette : Voilà, c’est fini…
Paris, le 18 juin 2025
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