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Tout commence par un mail parfaitement anodin mais tout de même envoyé un vendredi soir par votre DRH.

« Afin de faire connaissance et de faire le point sur votre situation professionnelle, seriez-vous libre mercredi prochain pour un temps d’échange ? ».

A priori pourquoi pas, les rapports humains sont toujours préférables : échanger, communiquer, informer, c’est l’ADN même de nos métiers.

Vous vous y rendez presque détendu et flatté, car on s’intéresse à vous…

Et là… surprise ! La fameuse « douche froide ».

Une performance, d’ailleurs, puisqu’elle réussit à vous glacer même dans un bureau sans climatisation à plus de 30 degrés.

Vous appréciez moyennement la tournure que prend « ce moment d’échange ».

On vous annonce – sans fioriture, sans anesthésie – que votre poste est supprimé.

Plus besoin de vous. Merci, au revoir.

Bien sûr vous n’êtes pas licencié, et heureusement d’ailleurs, car vous n’avez commis aucune faute, mais, il va falloir changer de métier, vous réinventer.

C’est exactement ce qui vient d’arriver à 6 salariés historiques de Télématin, journaliste et réalisateurs.

Leur rubrique ? Les reportages du 6h40. Supprimés. Donc eux aussi, par extension.

La sentence est irrévocable ! Une ligne budgétaire de moins.

La DRH leur dit : « Vous comprenez, il faut faire des économies… ».

Conclusion : Les salariés seront donc toujours la variable d’ajustement lorsqu’il s’agit d’économies.

Ce qui pose problème dans ce genre de méthode, c’est qu’il n’y aucun signe avant-coureur de la décision, aucun signal d’alarme.

Ceux avec qui vous travaillez au quotidien, vos supérieurs hiérarchiques que vous connaissez, pour certains, depuis des décennies, parfaitement au courant de ce qui va vous tomber sur la tête, sont muets…

Le résultat est là. Pas un mot des managers de Télématin, ni avant, ni après le rendez-vous.

Pourquoi ?

Comment dans ces conditions imaginer que cela puisse bien se passer ?

Les seules pistes proposées ressemblent plus à des déclassements professionnels.

Une sorte de nouveau départ mais qui ressemble à une voie de garage.

Décidément à France TV, le mois de juillet est propice à se débarrasser des encombrants, une manière bien « corporate » de vous souhaiter « bonnes vacances »… car cette situation n’est pas sans rappeler ce qui est arrivé aux 7 salariés des équipes légères du Siège il y a exactement un an.

Concernant les équipes légères du Siège, 12 mois plus tard, le bilan est accablant.

En dehors d’une salariée qui a été formée pour changer de métier, de la caméra au montage, pour les 6 autres, c’est le système D.

Les arrêts maladies en sauvent certains, et les autres n’ont pas d’autre choix que d’accepter l’inacceptable, c’est-à-dire de passer de la caméra sur l’épaule, pour des magazines ou des documentaires, au joystick des caméras robotisées du plateau du JT.

Tout le monde sait que cela ne pourra pas durer, que les tensions et les rancœurs vont s’accumuler.

Mais côté direction, on joue la montre, on mise sur la résilience… et dans le parcours de la QVT de la transformation, on évite soigneusement de réaliser un bilan, quant à la fameuse « célébration du changement », autant dire qu’on a visiblement égaré le champagne.

Dans ces 2 cas de figure, ce ne sont, ni les métiers, ni les compétences des salariés qui sont obsolètes, bien au contraire, ce sont justement ces compétences qui posent problème.

Un vrai fardeau pour une entreprise qui, nous dit-on, n’a plus un sou.

Enfin ça, c’est le mantra que l’on nous rabâche en boucle depuis des années, parce que l’argent, il y en a toujours, mais il va toujours dans les mêmes poches, et on les connaît : celles des producteurs privés.

Ce calcul à court terme fait des ravages.

Sur le plan humain, c’est un désastre.

Économiquement, c’est tout aussi absurde : à force de décisions prises à la va-vite, au doigt mouillé, sans même faire semblant de réfléchir aux conséquences, ce sont les droits des salariés qu’on piétine gaiement.

Et comme souvent dans ces cas-là, l’addition finit par arriver.

Les avocats se frottent les mains, les dossiers s’entassent, les prud’hommes s’ennuient à force de répéter les mêmes jugements, car – surprise – ! France Télévisions perd quasiment toujours.

En voilà donc 6 de plus qui vont aller grossir les rangs des mécontents…

Salariés, si vous recevez un mail de la DRH vous proposant un rendez-vous pour faire connaissance ou faire un point sur votre parcours professionnel, méfiance !!!

Sinon, c’était quoi déjà, le titre du grand projet porté par Madame Ernotte ?

Ah oui… « Réconcilier ».

 

Paris, le 09 juillet 2025

 

 

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